Le barrage sur le « Salagou »
Il semblerait, d’après les récits de certains habitants de la vallée du Salagou et des articles de journaux régionaux, que le projet de barrage sur le Salagou soit né dans les années 1950 et se soit concrétisé en 1959.
Après de nombreuses joutes verbales entre partisans et détracteurs du barrage, le Conseil Général de l’Hérault décide d'en confier le projet à la Compagnie Nationale d’Aménagement du Bas Rhône Languedoc et vote le budget nécessaire à cette étude en mai 1959. C’est à cette même époque que s’est constitué un « syndicat d’intercommunalité » des propriétaires des communes impliquées dans la construction du barrage.
Certains élus eurent vite fait de s’engouffrer dans la brèche, y voyant des intérêts économiques et politiques : faire parler de leur ville ou de leur département, donner du travail à des entreprises locales et par la suite attirer de nouvelles populations permanentes ou de passage.
Pourtant, en dehors des politiques et des porteurs du projet, beaucoup étaient incrédules. Comment imaginer faire une réserve d’eau à partir d’un ruisseau avec lequel les habitants arrivaient péniblement à arroser leurs jardins l’été. Prévoir un tel projet était vraiment une idée complètement farfelue promise à se voir rapidement abandonnée !
Pendant plusieurs années peu de personnes crurent à l’aboutissement du barrage, même si la construction avait déjà commencé et que quelques propriétaires avaient signé la vente à l’amiable de leurs biens. D'autres persistaient dans leur opposition pour défendre leurs patrimoines, jugeant insuffisantes les propositions d’indemnités d’expropriation au regard du préjudice matériel et moral. Le tribunal administratif de Montpellier finit par procéder à leur expropriation, à eux d'assumer leur départ et leur reconversion.
A l'origine le barrage avait un double objectif : d’une part fournir de l’eau pour arroser les plantations agricoles en aval de l’ouvrage dans la vallée de la Lergue et de l’Hérault ; d’autre part écrêter les crues spectaculaires du Salagou, la plupart du temps au printemps et à l’automne. Le barrage et les aménagements ont été financés par le Département et le Ministère de l’Agriculture. Par la suite, le premier objectif d’utiliser l’eau du lac pour l’irrigation a été remis en cause suite aux difficultés agricoles dûes à la concurrence de fruits et légumes en provenance d’Espagne, d’Italie, de Grèce, du Maroc. Ainsi le lac s’est tourné davantage vers des activités sportives et touristiques.
La première étape prévoyait que le niveau d’eau arriverait à la cote 139, puis si cela s’avérait nécessaire dans un deuxième temps l’ouvrage serait rehaussé pour atteindre une cote supérieure (147). La Lergue devait apporter un débit d’eau supplémentaire pour suppléer le faible apport du ruisseau Salagou.
Les expropriations ont été réalisées sur les prévisions hautes, ce qui explique l’abandon de certains terrains et les maisons de Celles.
La construction de l’ouvrage et les aménagements ont commencé durant l’été 1963 et se sont achevés le 4 mars 1969 par la fermeture des vannes. Le remplissage pouvait donc commencer !...
De violents orages, au début de mars 1969 inondèrent rapidement la plaine du Salagou ; le pont qui enjambait la rivière fut recouvert et la route nationale 9 coupée. La cuvette s’était remplie au quart. De nouvelles fortes précipitations au début octobre 1969 ont poursuivi le remplissage et obligèrent les habitants de Celles à partir.
C’est à l’été 1971 que la cuvette a atteint son niveau maximal
Publié le vendredi, 1 janvier 2010 par Camille Bernard